Une dame avait un jardin. Cette année-là, fatiguée par sa vie de tous les jours, elle hésita à retourner la terre et à planter les premières graines. Mais repensant au bon goût des légumes tout frais cueillis et au plaisir de sa famille à manger une bonne salade, elle se mit au travail.

Au début de l’été, lorsqu’elle vit que les limaces avaient dévoré toutes ses salades, que les plantes de haricot avaient presque toutes disparu et que les mauvaises herbes étouffaient le reste, découragée, elle pensa que son jardin était à l’image de sa vie: fatigué, aux ressources épuisées, incapable de donner des fruits…
De temps à autre, elle ramassait quelques petits fruits, des herbes aromatiques, cela donne un peu de goût…
Au cœur de l’été, pressée par un orage menaçant et des invités attendus pour le soir, elle décida de récolter d’un coup tout ce qui était bon à consommer. Elle s’étonnait du fait que si s’on approche d’un côté ou d’un autre, on aperçoit des fruits oubliés au premier ou même au deuxième passage. Elle emplit donc de petits bacs de framboises, de haricots, de pommes tombées… et quand elle vit tous ces récipients côte à côte, elle se dit que ce n’était, tous comptes faits, pas une si mauvaise année! Alors monta en elle un chant presque oublié qui lui venait de son enfance: «Compte les bienfaits de Dieu, mets-les tous devant tes yeux, tu verras en adorant combien leur nombre en est grand…»
Et quand elle trouva une unique petite pomme de terre, jamais plantée, et une plante de courge, surgie au milieu des mauvaises herbes, elle se dit que la terre, comme la vie, réserve toujours des surprises, là où on ne les attend plus… Alors, elle décida de planter des légumes pour l’automne, ce qui n’était pas dans ses habitudes!

Remarque: Parabole écrite en écho au Père Christoph Albrecht, à Notre Dame de la Route, qui disait qu’il invite les personnes en retraite à inventer leurs propres paraboles…

Ecrit en septembre 2009