Pierrot, ce matin-là, se sentait léger comme une plume. Il avait reçu la veille une lettre de sa Colombine. Elle savait choisir ses mots d’amour, elle avait une si jolie plume !
Son cœur palpitant d’amour et de joie, Pierrot avançait sur le chemin lorsqu’il aperçut un petit oiseau tombé du nid. Pierrot le ramassa, le serra dans ses grosses mains. Il sentait son petit cœur battre la chamade et ses plumes nouvelles et douces étaient toutes ébouriffées.

Rentré à la maison, il déposa son précieux fardeau dans une serviette douillette. Que dis-je un fardeau, ce petit poids plume ! Pierrot glissa délicatement dans son bec quelques miettes de pain trempées dans l’eau.
Le soir même, au clair de la lune, Pierrot prit sa plume, la fit crisser sur le papier pour répondre à sa bien-aimée. Après lui avoir fait part de ses sentiments les plus secrets, il raconta son aventure du matin.

Lorsque les deux amoureux en eurent assez de s’adresser des mots doux, que Colombine rejoignit pour toujours son Pierrot, l’oiseau, bien nourri et vigoureux, secoua ses belles plumes, étendit ses ailes et s’envola jusqu’au haut du peuplier.

Chaque fois que Pierrot et sa douce secouent couettes et oreillers et qu’une petite plume blanche s’échappe et volète dans la chambre, ils se sourient et pensent que l’amour est fragile comme un oisillon mais que, entouré de soins, il devient fort et vigoureux comme celui qui les réveille chaque matin du haut du peuplier.