Les gens du voyage, comme on les appelle, ont arrêté leur roulotte au bord de la ville. Ils ne sont pas vraiment bien accueillis, juste tolérés. On a un peu peur qu’ils fassent trop de bruit, ou alors qu’ils prennent des choses qui ne leur appartiennent pas.

Et pourtant, c’est là justement qu’elle vient s’installer, au bord du ruisseau. Le cours d’eau est assez long, elle pourrait choisir un autre endroit. Mais pourquoi donc décide-t-elle de s’arrêter si près d’eux pour laver son linge ? Agenouillée, courbée en avant, elle frotte, elle frotte, elle frotte encore.

Elle est partie tôt ce matin, avec son gros panier plein de linge sale. Il y en a des taches et de la crasse. A force de jouer dans la terre et de garder les animaux dans les champs, ses enfants rentrent souvent tout crottés. C’est cela qu’elle aime bien la laveuse : partir le matin avec des habits sales et revenir à midi avec du linge frais et propre, comme si toutes ses contrariétés s’en étaient allées au fil de l’eau et qu’elle aussi rentrait fraiche et légère.

 

Si elle choisit cet endroit, c’est qu’elle aime entendre cette musique qui vient d’ailleurs. Elle est curieuse de ce qui est différent, de ce qu’elle n’a jamais entendu et elle ne se fie pas aux racontars.

Elle est toute proche de la roulotte, mais elle tourne le dos aux danseurs et aux musiciens. Leur musique la fait rêver et emporte au loin toutes ses idées sombres.

 

Un instant, alors qu’elle se relève et tourne la tête, elle aperçoit un couple sur le chemin. Ils ont l’air bien fatigué. La laveuse remarque que la dame est enceinte et soudain, elle croit voir briller une étoile, juste au-dessus d’eux !