Il est grand et fort. A porter chaque jour des sacs de farine sur ses épaules, il a les bras musclés et le dos large. Le moulin est bâti au haut d’une petite colline. Ses ailes blanches tournent au gré du vent.

 

Le meunier aime regarder un instant autour de lui juste au moment où il sort du moulin.

A sa droite s’étale la campagne, avec les champs, les vignes et les oliviers, le petit lac… Il y a des gens partout, éparpillés dans la verdure.

Ce sont des gens simples comme lui le meunier. Pas besoin de parlementer pendant des heures, on se comprend d’un mot ou d’un regard. On vit du travail de ses mains et on s’endort le soir, fatigué mais content.

 

Et devant lui, voilà la petite ville, fière et moderne, avec l’église, l’auberge, l’école, ces petites maisons toutes collées les unes contre les autres et les gens qui discutent sur la place. Ça papote, ça jacasse, ça se contredit, ça rigole aussi.

 

Le meunier, lui, va partout pour livrer ses sacs de farine. Il connaît tout le monde. Riches et pauvres, jeunes et vieux, paysan, enseignant, joueur de pétanque ou petit berger, hommes et femmes, tous mangent du pain. Le bon pain, pétri d’eau et de farine, soulevé par la levure, nourrit tous les estomacs. Il fait briller les étoiles dans les yeux, alors qu’il croque sous la dent.